Les 2,5 millions de personnes qui vont dépasser 75 ans dans les prochaines années ne doivent pas être considérées comme des «parts de marché» à la merci des fonds financiers et des banques. Ces (futures) personnes âgées et leurs familles doivent pouvoir s’appuyer sur un service public national décentralisé. Le grand âge et la dépendance qu’il implique doivent échapper à l’impitoyable main de fer de l’accumulation du capital privé.
Cela appelle un nouveau projet humaniste de construction de maisons de retraite publiques et associatives à but non lucratif et dotées de moyens suffisants, financiers et en personnel. La création de centaine de milliers d’emplois qualifiés dans les EHPAD, avec comme objectif de tendre vers le ratio d’un soignant par résident doit s’accompagner d’un effort comparable afin d’encourager l’aide à domicile ainsi que la mise en place d’un statut pour les «proches aidants». Parallèlement à la construction de nouvelles structures publiques en lien avec les collectivités territoriales, les EHPAD dépendants de groupes privés doivent être mis sous tutelle.
Pour accompagner efficacement cet effort, la Sécurité Sociale doit être élargie et renforcée afin qu’elle puisse prendre en charge des personnes qui en ont besoin ainsi que doit enfin être votée une loi «grand âge» maintes fois promise. En réalité, c’est dans une autre logique de société qu’il faut s’engager : non plus soutenir les rapaces du grand âge comme ORPEA mais favoriser en toute chose l’intérêt général humain.
Marie-Claude Manservisi