Entre 1940 et le 27 août 1944, 256 patriotes-résistants ont été fusillés par les nazis à Souge aux portes de Bordeaux. Ils étaient d’origines géographique, de métiers, d’idéologies, de religions, d’engagement dans les mouvements de résistance très divers, mais ils donnèrent leur vie pour que la France, retrouvant son indépendance, reste un pays de liberté.
Jean Chauvignat était mon grand-père ; il laisse à sa famille un legs à la fois précieux et difficile à honorer : celui d’un homme qui a fait des choix intellectuels précoces et qui a mis ses actes en conformité avec ses idées. C’est cette rectitude sur son chemin qui l’a conduit au camp de Souge où il est fusillé par les Allemands le 21 septembre 1942 à l’âge de 57 ans.
Militant actif du PCF dans le canton de Libourne, il s’engage en 1936 dans les Brigades Internationales pour combattre le Franquisme au côté des républicains espagnols. À son retour en France au début de l’année 1939, il revient dans le Libournais où il retrouve des responsabilités dans le Parti Communiste aux côtés de Gabriel Massias, fusillé, lui, le 24
octobre 1941 à Souge. Comme beaucoup de communistes, il est fiché et recherché par la police française : Jean est qualifié de « terroriste dangereux », un arrêté du préfet le frappe
d’internement le 22 septembre 1941.
Malgré toutes ses précautions, il est repéré, arrêté et transféré au camp d’internement de Mérignac. Alors que les Allemands procèdent à des représailles contre les actes de la Résistance, il est fusillé le 21 septembre 1942 à Souge, comme otage, avec
soixante-dix autres hommes livrés par mla police française.
Alors qu’à nouveau le monde tremble, à nouveau la guerre et son cortège de barbarie fracture et décime les peuples et les populations civiles, à l’heure où les fanatismes, les extrémismes et les barbaries s’en prennent encore à des civils, un seul et même coupable : la haine.
Continuer à rendre hommage à ces fusillés, c’est résister, c’est refuser d’oublier, c’est affirmer haut et fort que ce passé est notre fierté. Comme l’a dit Georges Politzer, fusillé lui aussi en mai 1942 au Mont Valérien, « les barbares ont voulu les tuer, ils les ont rendu immortels ».
Non à la haine, non au rejet de l’autre et à l’intolérance.
OUI À LA PAIX ET À LA LIBERTÉ.
Maryse Montagon, hommage prononcé à Libourne le 27 octobre 2024